Coronavirus – Approches Thérapeutiques (suite & fin provisoire?)

Dernière partie de notre série de 5 articles visant à réaliser un état des lieux des approches thérapeutiques envisageables afin de combattre la pandémie de Covid-19. Au-delà des AntivirauxInterféronsAnticorps monoclonaux et des Vaccins, examinons la piste des Antiparasitaires (Chloroquinine) et des Antibiotiques.

Quelles molécules ?Quels modes d’action ?Quel horizon de disponibilité possible ?


Les Antiparasitaires et Antibiotiques

Comme leur nom l’indique, ces molécules ne semblent pas a priori être destinées à traiter des maladies provoquées par des Virus – contrairement aux Antiviraux par exemple.

Pourtant, ces dernières semaines, un traitement fait la Une des médias : Un scientifique français qui fait autorité dans le domaine médical et de la microbiologie – infectiologie en particulier, le Pr Raoult, et son équipe traitent leurs patients avec de l’Hydroxychloroquine associée à de l’Azithromycine.

L’Hydroxychloroquine : de quoi s’agit-il?

Il s’agit d’une molécule proche de la Chloroquine, toutes deux synthétisées autour des années 1940 afin de remplacer la Quinine, un extrait naturel de l’écorce d’un arbre dénommé Cinchona  et utilisé de longue date par les indigènes d’Amérique du Sud comme remède contre la fièvre. Les colons européens en importeront l’usage en Europe au 17ème siècle notamment contre la fièvre paludique.

La molécule synthétique, Chloroquine, sera utilisée durant plusieurs dizaines d’années contre le paludisme, mais progressivement remplacée par l’Hydroxychloroquine, jugée moins toxique.

Suite au développement de résistances paludiques dans plusieurs régions du monde, d’autres molécules de synthèse leur seront préférées, telles que l’association d’Atovaquone et de Proguanil, commercialisée sous le nom de Malarone , notamment par beaucoup de pays européens tels que la France. Néanmoins, elle reste utilisée en Norvège et autorisée aux Etats-Unis.

De nos jours, l’Hydroxychloroquine est en fait utilisée pour traiter le Lupus Erythémateux ou la Polyarthrite – des Maladies Auto-immunes. Son efficacité avérée n’est pas toujours clairement comprise mais souvent attribuée à un effet anti-inflammatoire et/ou immunomodulateur.

Hydroxychloroquine et Coronavirus

Mais alors pourquoi l’Hydroxychloroquine serait-elle efficace contre le Coronavirus SARS-COV-2 ?

Aujourd’hui les promoteurs de cette molécule pour le traitement du Covid-19 n’avancent pas de réponse claire quant aux raisons qui les motivent à croire en son efficacité.

Tournons-nous donc vers la littérature scientifique afin de comprendre comment s’explique son efficacité dans les différents usages qui en sont faits afin de peut-être y trouver un éclairage dans le cadre du SARS-COV-2.

L’Hydroxychloroquine anti-paludique

Paludisme : Quelle est son origine et comment la traiter ?

Les antipaludéens de synthèse sont des bases faibles qui s’accumulent dans la vacuole digestive du parasite et diminuent son acidité (PH), ce qui interférerait avec son développement.

L’Hydroxychloroquine et les Maladies Auto-immunes.

La molécule est un traitement majeur du Lupus Erythémateux avec une efficacité démontrée depuis 1991.
Elle bloque les réponses lymphocytaires T à la stimulation induite par les mitogènes et inhibe la production de certaines cytokines, d’Interféron α et de facteur de nécrose tumorale (TNFα). Ces effets bloquants passent par une inhibition de l’activation d’un récepteur toll-like, impliqué dans l’immunité innée et dans les pathologies auto-immunes, notamment le lupus, par le biais d’une liaison aux acides nucléiques.

Au-delà de son rôle sur le PH intracellulaire, La Chloroquine bloquerait donc certains récepteurs responsables de la production d’Interférons et autres Cytokines au sein des cellules immunitaires (dendritiques notamment), ce qui conduirait à limiter le processus inflammatoire. 

Cela peut sembler contradictoire puisque l’inflammation a pour but de lutter contre les infections mais lorsqu’elle est exacerbée et hors contrôle, elle devient contre-productive. C’est donc peut-être en évitant une hyper-inflammation au niveau notamment des poumons que l’Hydroxychloroquine pourrait agir. Etant donné le manque de recul et la multiplicité d’actions de la molécule , la démonstration des mécanismes réels nécessitera beaucoup plus d’études – pour autant qu’en fin de compte, les essais cliniques en cours s’avèrent positifs quant à son efficacité en tant que traitement du Covid-19.


Azythromycine et Coronavirus

L’ Azythromycine est un Antibiotique de la classe des Macrolides, donc une molécule destinée à lutter contre les Bactéries qu’elle combat en inhibant la synthèse des protéines bactériennes. Elle est spécifiquement prescrite contre les infections pulmonaires.
Son association avec l’Hydroxychloroquine ne semble pas être pour un pouvoir antiviral quelconque mais afin d’éviter une surinfection bactérienne qui aggraverait la situation du patient déjà souvent en détresse respiratoire.


Coronavirus – Approches Thérapeutiques
Conclusions provisoires

Au terme de notre Etat des lieux en matière d’Approches Thérapeutiques possibles à la maladie Covid-19 provoquée par le Coronavirus SARS-COV-2, nous espérons avoir donné un éclairage sur les pistes possibles et surtout les espoirs de déboucher rapidement sur des solutions à cette crise sanitaire planétaire. A l’instar du monde scientifique, nous sommes néanmoins conscients que nous devons rester humbles face à la complexité des mécanismes en oeuvre et que sans doute, nous avons suscité chez nos lecteurs autant de questions que de réponses…. mais n’est ce pas cela la Science…toujours vouloir en savoir plus, tout en sachant qu’on ne connaîtra jamais qu’une infime partie des Secrets de la Nature.