
La presse déborde d’articles et surtout de gros titres sur les traitements qui pourraient être utilisés afin de juguler la pandémie de Covid-19.
Après notre article récent « Coronavirus et Interféron« , nous voulions réaliser un état des lieux des approches thérapeutiques envisageables – Quelles molécules ? – Quels modes d’actions ? – Quel horizon de disponibilité possible ?
En schématisant, on pourrait répartir les approches thérapeutiques possibles en 5 catégories:
- Les Antiviraux
- Les Anticorps (mono-clonaux)
- Les Stimulants de la Réponse Immunitaire
- Les Vaccins
- Les Autres approches (Antibiotiques – Antiparasitaires)
Les Antiviraux
Les antiviraux ne sont pas des molécules qui tuent les virus (virucides) à l’opposé des antibiotiques (qui tuent les bactéries). Leur action consiste plutôt à empêcher la prolifération / reproduction des virus.
Les antiviraux peuvent intervenir à chacune des étapes de la réplication virale c-a-d:
- Reconnaissance de la cellule cible et attachement.
- Entrée du virus dans la cellule.
- Decapsidation (libération du génome viral dans la cellule hôte)
- Transcription (expression du génome sous forme d’ARN messager)
- Traduction des ARNm pour former les protéines virales.
- Réplication du génome.
- Maturation.
- Assemblage des constituants néoformés (encapsidation).
- Libération de nouvelles particules virales hors de la cellule.
Bien que dans l’ensemble, tous les virus passent par ces diverses étapes, il existe certaines variantes selon le type de virus. Pour identifier un traitement contre un virus donné, il est donc important de connaître à quelle famille celui-ci appartient. Il existe plusieurs classifications mais pour l’approche thérapeutique , 2 classifications sont particulièrement intéressantes – par type de Génome ou par type de Capside – car elles caractérisent les virus au niveau moléculaire.
Par Type de Génome
- Virus à ADN
Virus à ADN simple brin
Virus à ADN double brin
- Virus à ARN
Virus à ARN à simple brin à polarité positive
Virus à ARN à simple brin à polarité négative
- Virus à ADN ou à ARN à Transcriptase Inverse
Retrovirus à ARN simple brin
Pararétrovirus à ADN double brin
Par Type de Capside (et selon la présence ou non d’une Enveloppe)

Le Coronavirus Covid-19 s’insère dans la catégorie des Virus à ARN Simple Brin à polarité positive (ssRNA) dont la capside est en plus entourée d’une membrane (enveloppe) avec des protubérances en forme de couronne (solaire) d’ou le nom de Corona.
Une recherche dans la base de données © HTTPS://DRUGVIRUS.INFO afin de recenser les molécules ayant démontré un effet antiviral sur le Covid-19 (ou SARS-COV-2) et des virus proches connus pour infecter les humains – à savoir:
– HCOV-229E et HCOV-OC43 connus depuis les années 1960
– SARS-COV-1 et MERS-COV , responsables des épidémies de SRAS,
respectivement en 2003 en Asie et en 2012 au Moyen-Orient,
permet d’établir le tableau ci-dessous qui indique l’état d’avancement des recherches.
Bien que la liste soit longue – 45 molécules-candidates différentes – seules quelques-unes ont déjà fait l’objet d’études à un stade avancé.
La plupart n’en étant même pas au stade du test sur les animaux.
Parmi les plus avancées, on y retrouve les molécules qui ont été sélectionnées pour les essais cliniques en cours (voir notre article récent « Coronavirus et Interféron« ) .
- Le Favipavir (utilisé au Japon comme anti-grippal sous le nom Avigan de Toyama Chemical), inhibiteur de l’ARN polymérase (stade de la Transcription), recommandé par les scientifiques Chinois.
- Le Remdesivir (Gilead Sciences) qui perturbe l’ARN polymérase (stade de la Transcription).
- Le Lopinavir associé au Ritonavir (Kaletra de AbbVie), inhibiteur de la Protéase (stade de la Maturation).
- L’Hydroxychloroquine (Plaquenil), un ancien anti-paludique qui pourrait inhiber la Reconnaissance et l’Entrée du virus dans la cellule.
Quand peut-on espérer avoir des résultats?
Les essais cliniques ayant démarré à la mi-mars, les premiers résultats devraient être disponibles très rapidement, dans les toutes prochaines semaines.
Espérons que ces essais soient positifs mais ensuite une autre difficulté de taille se profile déjà…produire la ou les molécules sélectionnées en quantités industrielles.
Certaines molécules déjà commercialisées , telles que l’Hydroxychloroquine, seraient peut-être un peu plus facilement accessibles, mais la production rapide et massive des autres, toujours au stade d’essais cliniques ou à peine commercialisées constituera un défi technologique considérable.
A suivre « Coronavirus – Vaccins, Anticorps mono-clonaux & Autres Approches Thérapeutiques »


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